Annonce de l’abolition des Forums jeunesse régionaux du Québec : le premier ministre Philippe Couillard démantèle le réseau de la jeunesse engagée

Publié le 22 avril 2015 10:26

Le Forum jeunesse de l’île de Montréal (FJÎM) a appris, le 22 avril dernier, à l’instar de tous les Forum jeunesse régionaux du Québec, qu’il était aboli. Une véritable coupe à blanc alors que notre mission, nos mandats, notamment en participation citoyenne, et la gestion du Fonds régional d’investissement jeunesse (FRIJ) sont reniés. Non seulement le premier ministre Philippe Couillard ne réitère pas sa confiance envers les jeunes engagés, mais il les prive de moyens d’agir de façon structurante pour leur milieu, leur enlève un canal principal pour faire entendre leur voix, nuit à leur pleine participation et les démobilise.

Depuis plusieurs semaines, le Forum jeunesse de l’île de Montréal (FJÎM) demandait des explications, alors qu’il était dans l'absence de confirmation du renouvellement de sa convention. Nous avons obtenu pour seule réponse un silence radio. Rappelons que c’est le premier ministre lui-même qui porte le dossier de la jeunesse, et qu’en aucun moment il ne s’est manifesté pour éclaircir la situation, nous consulter ou partager sa vision de la jeunesse. Nous interprétons cette gestion cavalière comme une insulte envers les jeunes impliqués au Forum et les partenaires de notre organisation, qui œuvrent pourtant depuis 15 ans à donner une place et une voix à la jeunesse montréalaise avec des résultats qui ne sont plus à démontrer. À l’instar du premier ministre, Caroline Simard, son adjointe parlementaire pour les dossiers jeunesse, n’a pas cru bon de répondre à nos invitations, alors que nous avons multiplié les occasions depuis un an. Le gouvernement se plaît-il à prendre des décisions sans savoir de quoi il en retourne ?

« Depuis l’annonce de l’abolition des Conférences régionales des élus à l’automne dernier, les jeunes administrateurs du Forum jeunesse se démènent à bâtir une nouvelle organisation à but non-lucratif afin d’offrir au gouvernement des solutions afin de poursuivre nos services à la jeunesse montréalaise et éviter de pénaliser les jeunes touchés par nos actions », a souligné le président du FJÎM, Santiago Risso. « Ce fut un travail colossal, que le gouvernement nous savait en train d’accomplir. À bout de souffle, après une année sans avoir reçu aucun des versements qui nous étaient pourtant dus, il nous accule au pied du mur en nous mettant au fait de ses intentions trois semaines après la fin de notre convention. C’est un manque de respect et de considération que nous n’acceptons pas! »

Fait étonnant, aucune somme n’est allouée à la fermeture du Forum jeunesse. Dans les instructions fournies ce matin sur la transition menant à notre fermeture définitive, le secrétaire adjoint à la jeunesse, Nikolas Ducharme, indique à nos administrateurs d’utiliser une clause de notre convention afin de piger à même le FRIJ pour assurer notre financement de base jusqu’au 30 juin et mettre fin à nos activités. Les montants qui sont destinés aux jeunes ne leur parviendront pas car ils seront plutôt dédiés à fermer notre organisation. Cette directive irresponsable est tout à fait contradictoire à la saine gestion des fonds publics.

« Les sommes investies du Fonds régional d’investissement jeunesse découlent de priorités élaborées par les jeunes du territoire et les investissements sont entérinés par les jeunes administrateurs du Forum qui, bien branchés sur leurs milieux et élus par leurs pairs, connaissent les réels enjeux pour les 12-35 ans », a tenu à préciser M. Risso. « La force du modèle « par et pour les jeunes » que nous avons développé et le réseau bien implanté que nous possédons ne pourront jamais trouver d’égal ailleurs. Le gouvernement est en train de changer un dollar pour quatre vingt-cinq sous en détruisant 15 ans de savoir-faire. Ce n’est pas de cette manière qu’on co-construit une vision de la jeunesse», a-t-il insisté. Ajoutons que l’effet de levier engendré par nos investissements a une valeur primordiale dans l’équation. Pour chaque dollar investi par le FRIJ, le montant injecté par d’autres sources de financement est triplé.

Une autre surprise, Sam Hamad, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, déclarait ce matin en conférence de presse que les subventions allaient dorénavant être mieux ciblées en favorisant des enjeux pourtant déjà soutenus par le Forum jeunesse. Il faut vraiment mal connaître la portée des actions du FJÎM pour faire une telle déclaration. Parmi les exemples qu’il citait, la persévérance scolaire et la diversité des jeunes que le FJÎM soutenait déjà à hauteur de 2 161 935 $ et de 874 000 $ respectivement.

Le Forum jeunesse est une référence et une locomotive afin d’offrir du soutien aux jeunes et aux organisations pour assurer la pleine et entière participation des jeunes à la société. En se positionnant ainsi comme leader en participation citoyenne depuis 15 ans, c’est sans surprise que nous constatons aujourd’hui la solidarité de nos partenaires et les appuis qui fusent de toutes parts à notre égard.

Au final, les jeunes administrateurs du Forum jeunesse, les 24 actuels comme les 500 qui ont siégé au cours des 15 ans d’existence, 1 000 partenaires et collaborateurs, 275 porteurs de projets FRIJ et 6 employés auront été échaudés par cette manière de faire et cette décision cavalière du gouvernement. Une vague de démobilisation est-elle à craindre? Peut-être est-ce là la stratégie du premier ministre : museler les jeunes en les renvoyant chacun chez eux et en contribuant à les désintéresser complètement de la chose publique et politique.

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